Le LABRRI à l’ACFAS: « Chronique de l’interculturel au Québec »

Texte proposé par Lomomba Emongo

Le 8 mai dernier, le LABRRI a organisé et tenu un colloque – intitulé ci-haut – dans le cadre du 81e congrès annuel de l’ACFAS. Le colloque fait partie des activités prévues par le projet du LABRRI dans le cadre d’un projet de recherche intitulé « Vers une ville interculturelle » financé par le CRSH.

Voici un extrait du résumé du colloque : « Depuis quelques années, le mot “interculturalisme” connaît un regain d’intérêt au Québec. S’agit-il d’une nouvelle idéologie politique québécoise ou bien d’un réaménagement terminologique de certaines idéologies opposant sans doute indûment le Québec au reste du Canada et, dans une autre mesure, les immigrants aux Québécois “de souche” ? [Alors] que, comme toute société issue de l’immigration, le Québec a toujours composé avec les dynamiques interculturelles. D’où l’inquiétude épistémologique que suscite le recyclage du mot et, partant, la réalité de l’interculturel, dans le sens du nouveau mythe fondateur du Québec. »

Quant au colloque, il visait trois objectifs : (a) mettre en exergue les savoirs en émergence sur les dynamiques interculturelles au Québec ; (b) réunir des chercheurs issus des différentes disciplines scientifiques autour du thème de l’interculturel au Québec, (c) réfléchir sur la tendance actuelle à instrumentaliser l’interculturel au Québec, au nom des politiques de la « gestion de la diversité. »

 

Pourquoi une chronique de l’interculturel au Québec ? Partant de l’inquiétude épistémologique ci-dessus mentionnée, les organisateurs ont éprouvé le besoin « de relire l’histoire et la société québécoise au-delà des rôles idéologiques qu’on peut vouloir faire jouer au mot à un moment ou un autre. » Il s’agissait pour eux « de reconstituer autant que faire se peut, non pas une chronique strict sensu, mais bien quelques-uns des temps-forts du développement de l’interculturel au Québec. Notamment [de] questionner à nouveaux frais les rencontres historiques qui jalonnent cette chronique… »

Le déroulement de la journée s’est échelonné sur trois panels de présentations individuelles, dont deux avant-midi et un après-midi. Les panels seront suivis d’une table ronde à titre de synthèse de la journée et d’une demi-heure consacrée au projet du collectif qui reprendra les contributions des panélistes.

Au total, les participants ont écouté et discuté avec sept conférenciers professant dans les universités du Québec et de l’Ontario. Lomomba Emongo et Pierre Anctil ont administré la preuve que le mot « interculturel » ainsi que l’expression « éducation interculturelle » ont fait leur apparition au Québec par tout autre que des Québécois de souche et, dans le cas du Congrès juif de Montréal, depuis aussi loin dans le passé que 1949. Danielle Gratton et Joseph Lévy se sont attardés sur un moment emblématique de la vie de l’interculturel au Québec, moment incarné par le remarquable travail de recherche et d’action de l’Institut Interculturel de Montréal fondé en 1963 et qui a fermé ses porte en juin 2012. Céline Cooper et Patrice Brodeur ont examiné quelques-uns des aspects du débat public québécois impliquant la question du pluralisme religieux, et nommément la question de la langue.  Enfin, Jorge Frozzini et Bob White se sont penchés sur le contexte plus actuel de l’interculturel au Québec, depuis la tenue de la Commission Bouchard-Taylor sur les accommodements raisonnables. Il importe de noter que chaque couple d’intervenants a eu droit à une réaction spéciale d’un discutant attitré, en manière d’ouvrir la discussion.

En fin de journée, la table ronde s’est appesantie sur le récent livre de Gérard Bouchard consacré à l’interculturalisme. D’abord, le présentateur a reconnu la légitimité discursive de l’auteur à orienter son discours dans le sens qu’il veut ; entre autres, d’en exclure les premières nations et de le cantonner pour l’essentiel à la gestion de la diversité à entendre essentiellement au sens de l’immigration de récente date au Québec. Cela étant, le présentateur a tôt fait de relever que nombre de positions de l’auteur sur « le modèle québécois » de cette gestion de la diversité, modèle que l’auteur qualifie d’interculturel soulèvent plus de questions qu’elles ne proposent de réponses soutenables quant à la genèse du mot-clé de son livre, à la réalité sociohistorique du Québec et à la dimension épistémologique de l’interculturel qui ne peut que transgresser le corsage étroit de la perspective politique.

L’évaluation faite à l’interne a permis aux organisateurs de constater que tous leurs objectifs ont été atteints. Mieux, le colloque pressenti pour un nombre limité de participants a connu un franc succès, tout particulièrement dans sa séance de l’après-midi : plus que la quantité de participants, la qualité des discussions a été absolument remarquable.

Au demeurant, les organisateurs du colloque sur la chronique de l’interculturel au Québec, qui sont aussi les coordinateurs du collectif attendu, ont le plaisir d’annoncer que le livre sera publié d’ici la fin de l’année 2013 par les Presses de l’Université de Montréal.

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