Les politiques municipales en contexte pluriethnique
Cet atelier a eu lieu le 30 octobre 2017, lors de la rencontre du groupe de recherche G3 à Montréal.
Compte rendu de Maude Arsenault
La première partie de cette activité sur la municipalisation et l’analyse multi-niveau visait à mettre en perspective le virage municipal par rapport aux dynamiques interculturelles. La première présentatrice, madame France Houle de l’Université de Montréal, a démontré que le rapport entre le gouvernement et les municipalités a évolué à travers le temps. L’exercice a été fait en présentant différents articles de lois sur la séparation des pouvoirs entre les paliers fédéraux et nationaux du gouvernement par rapport à la sélection, l’admission et l’intégration des immigrants. Les villes ne figurent pas dans ces lois, mais le provincial, par la loi 21, introduit Montréal comme acteurs ayant des devoirs et responsabilités envers les nouveaux arrivants.
Ce fût ensuite à Gilles Rioux, du Laboratoire de Recherche en Relations Interculturelles (LABRRI), de présenter une vision historique des dynamiques inter-institutionnelles des politiques publiques en matière d’interculturel au Québec. C’est avec l’histoire des lois et transferts de pouvoir en immigration qu’il a expliqué que les questions d’immigration permettent de comprendre les jeux de pouvoir entre les paliers de gouvernement. Pour le Québec, il est primordial de garder son poids démographique et la force de sa langue dans le Canada, question d’influencer en sa faveur les décisions politiques.
Bob White, du LABRRI, nous a ensuite présenté ce qu’il nomme « city based inclusion networks » ces réseaux peu étudiés, mais qui prennent de plus en plus de l’importance. Ce virage municipal crée des tensions entre les acteurs et les villes, surtout dû aux flous entourant les financements et les confusions par rapport aux compétences qui sont parfois partagées. Plusieurs réseaux sont déjà mis en place afin de faciliter la visibilité, la reconnaissance et le transfert de compétence. Ces réseaux répondent à diverses philosophies pluralistes ce qui crée des tensions entre les paradigmes, par exemple, les « Villes accueillantes » voient les groupes racisés subir une exclusion exacerbée.
Marta Massana, doctorante du LABRRI, a ensuite présenté les résultats de son ethnographie de l’action publique interculturelle au niveau municipal. L’action publique répond à une confluence de variables dont l’individu institutionnel vivant des frustrations par manque de reconnaissance, des mandats changeants ou qui ne mènent à rien, des rapports politico-administratifs caractérisés par le secrétisme, l’ingérence et l’absence de dialogue, des visions et des façons de faire sujettes aux clientélismes, l’émergence de nouveaux discours sur les enjeux de l’immigration basés sur l’accueil, l’intégration, la sécurité et la radicalisation, etc. Finalement, Stéphanie Larouche-LeBlanc, étudiante à la maîtrise du LABRRI, nous a présenté ses premiers résultats de sa recherche sur le virage municipal en relations interculturelles. La fracture régionale et le désengagement du gouvernement provincial ont amené des changements des rôles traditionnels de la ville qui voient maintenant intégrer à son mandat les dimensions sociales et communautaires.