Une conférence de Dan Hiebert sur la recherche et les politiques

Le LABRRI a eu la chance de recevoir Dan Hiebert, géographe et spécialiste des questions d’immigration retraité de l’Université de la Colombie-Britannique (UBC), pour une conférence sur les ponts et barrières à la collaboration entre la recherche académique et les décisions politiques. Cette conférence s’appuie sur ses réflexions, développées lors de ses riches expériences, notamment comme conseiller consultatif auprès du sous-ministre de l’Immigration, des Réfugiés et de la Citoyenneté Canada, de conseiller consultatif du Transatlantic Council on Migration et de sa résidence universitaire à l’IRCC où il a directement participé à l’élaboration des politiques en matière d’immigration.

La présentation

La présentation examine les liens complexes entre la recherche académique et les politiques publiques, en soulignant les défis et les opportunités pour renforcer cette interaction. Elle commence par explorer deux perspectives clés : la politique comme cause et comme effet. Il s’agit de comprendre comment les dynamiques politiques influencent les transformations sociales, tout en étant elles-mêmes façonnées par divers facteurs.

Un point central est l’écart important qui existe entre les chercheurs et les décideurs. Les universitaires ont tendance à supposer que leurs travaux seront naturellement pris en compte dans l’élaboration des politiques. Cependant, les responsables politiques s’appuient souvent sur des outils pratiques, comme les modèles logiques, pour structurer et évaluer l’impact de leurs actions. Cette différence dans les approches illustre la déconnexion entre le monde académique et celui des politiques publiques.

La recherche académique a pourtant un rôle essentiel à jouer, notamment en prenant du recul sur les problématiques, en posant des questions fondamentales telles que “pourquoi ?”, et en adoptant une perspective multi-échelle qui connecte les niveaux d’analyse locaux, nationaux et internationaux. Cependant, cette contribution est limitée par des différences structurelles et culturelles : les rythmes (temps long de la recherche contre l’urgence des politiques), les priorités (diagnostic contre solution) et les modes de communication (culture écrite contre orale).

Pour surmonter ces obstacles, les chercheurs devraient s’efforcer de mieux comprendre les politiques qu’ils analysent, identifier les interlocuteurs clés et tenir compte des enjeux financiers. La présentation soulève également la question de la formation : existe-t-il des cours conçus pour aider les chercheurs à appliquer leurs connaissances académiques à la conception et à la mise en œuvre des politiques ? Bien que cela semble essentiel, de telles initiatives sont encore rares.

Enfin, il est souligné que, contrairement aux décideurs qui évaluent systématiquement l’impact de leurs actions, les chercheurs ne mesurent pas toujours les retombées concrètes de leurs travaux. Ce manque d’évaluation limite leur influence sur les processus politiques. Pour dépasser ces barrières et réconcilier ces deux sphères, il est nécessaire de reconnaître les spécificités et les forces de chacune tout en construisant des ponts pour favoriser une meilleure collaboration.

 

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