Sophie Thibodeau, étudiante du LABRRI, reçoit le prix d’excellence de l’administration publique de l’Institut d’administration publique du Québec grâce à son travail intitulé: Entre multi- et interculturalisme : matière à confusion dans la « gestion de la diversité ».
Le prix Travail étudiant vise à reconnaître la qualité exceptionnelle d’un travail de recherche portant sur l’administration publique fait par une étudiante ou un étudiant au 2e ou au 3e cycle dans une université québécoise.
Introduction du travail
Les nouvelles formes de migration et de mobilité font de sorte que le visage de la diversité au sein des états-nations est en train de changer rapidement, partout dans le monde ; certains auteurs parlent même d’un phénomène de « diversification de la diversité » (Vertovec 2007 dans Massana Macià 2018). L’organisation de cette diversité à l’intérieur des frontières d’états-nations se décline à différents niveaux de gouvernance, notamment aux niveaux provincial et fédéral, et même au niveau municipal. Par exemple, au Québec, on ne peut négliger le rôle que jouent les municipalités dans le processus d’inclusion et d’accueil des personnes issues de l’immigration récente et ancienne (Larouche-LeBlanc 2018), entre autres en raison du statut de gouvernement de proximité que tiennent les villes. Ce processus d’inclusion et de ‘gestion de la diversité’ [1] peut s’opérer selon différentes approches et variera en fonction de la vision de ces approches par les différents niveaux de gouvernance, et donc variera dans sa mise en œuvre selon le contexte.
Comme nous l’avons vu dans le cours Changement social et culturel avec le professeur Bernard Bernier, nombreux sont les facteurs qui exercent une pression sur les dimensions sociales et culturelles (entre autres, mais pas seulement) des sociétés contemporaines, et qui sont finalement moteurs de changements sociaux. Afin de cerner un sujet conducteur pour la rédaction de ce travail, j’ai procédé par une triangulation de points d’intérêts principaux issus du cours et de mes propres intérêts de recherche. Je me suis enfin arrêtée sur une réflexion concernant les approches de gestion de la diversité qui priment au Canada et au Québec, reconnues comme étant respectivement : le multiculturalisme et l’interculturalisme (Rocher et White 2014). En discutant avec des collègues de classe et avec le professeur Bernier, j’ai pu constater que la distinction entre les deux approches, et même entre l’utilisation des deux terminologies, demeure très floue et que cela constitue une opportunité de recherche et de rédaction pour le travail final. Alors, j’aborderai ici le multi- et l’interculturalisme sous 1) l’angle des tendances et orientations vers lesquelles penchent le Canada et le Québec en matière de gestion de la diversité, et par la bande sous 2) l’angle du changement social et culturel découlant de la pluralité en société. Plusieurs concepts visant à étayer la réflexion seront abordés, tels que l’identité ethnique et culturelle, l’espace social, les rapports de pouvoir, les frontières et la relation à la différence. J’argumenterai que bien que souvent représentées en opposition, les approches du multiculturalisme et de l’interculturalisme se rallient sur plusieurs points, et que la principale distinction réside, selon moi, dans la perception de la pluralité. Le travail se décline en 5 sections, soit : 1) thématique et objectifs de recherche ; 2) méthodologie et cadre théorique ; 3) problématique ; 4) analyse ; 5) conclusion et réflexions.