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Compte rendu de la soirée du lancement du livre Intercultural Cities: Policy and Practice for a New Era
Par Samuel Victor
Le soir du 17 janvier 2018 au Centre d’histoire de Montréal a eu lieu le lancement du livre Intercultural Cities: Policy and Practice for a New Era, le deuxième ouvrage dirigé par le LABRRI. Cette belle soirée célébrait la parution de ce livre qui est la culmination de plusieurs années de recherche et de collaboration entre les chercheurs d’une dizaine d’universités ainsi que des acteurs communautaires et municipaux à Montréal et dans six villes européennes.
L’événement a accueilli plusieurs chercheurs qui ont contribué à l’élaboration du livre ainsi que des représentants des partenaires communautaires et municipaux. Jean-François Leclerc, le directeur du Centre d’histoire de Montréal a offert un message de bienvenue et de félicitations avant de donner la parole à Bob W. White, le directeur du LABRRI et l’éditeur du livre. Monsieur White a raconté le développement de ce projet collaboratif dans lequel tous les contributeurs se sont consacrés à la tâche importante de définir c’est quoi une ville interculturelle. En s’adressant à l’auditoire, il a répondu à la question « Pourquoi on a fait ce livre ? C’est parce qu’il y a plus en plus de personnes qui s’intéressent à cette idée de voir l’inclusion avec un modèle interculturel, mais ce n’était pas clair c’est quoi une ville interculturelle ». Plutôt que d’élaborer une liste de bonnes pratiques ou de faire preuve d’un concours entre les approches de chacune des villes, expliqua White, le livre présente une collection d’études de cas qui témoignent du processus du devenir interculturel des villes. Le contenu vise un public au-delà du milieu académique et s’offre plutôt aux professionnels des secteurs publics et communautaires. White a expliqué que cette première publication rassemble les expériences de plusieurs villes européennes et une ville nord-américaine (Montréal) et vise aussi un lectorat international, d’où le choix de l’écrire en anglais. Un deuxième livre en français suivra qui portera uniquement sur l’interculturel en contexte québécois.
Ensuite, monsieur Leclerc a présenté Magda Popéanu, conseillère municipale et vice-présidente du comité exécutif qui est responsable, entre autres, de la diversité culturelle à la Ville de Montréal. Les propos de madame Popéanu se sont adressés à la question de repenser l’espace urbain pour faire de Montréal une ville inclusive et qui crée continuellement des ponts entre les divers acteurs de la ville. Elle a mis l’accent sur le rôle privilégié et émergent des villes dans la promotion de l’inclusion et des relations interculturelles harmonieuses. Le livre, elle a affirmé, sera un outil essentiel pour aider la Ville à poursuivre son objectif de favoriser la cohésion sociale en développant des politiques et des bonnes pratiques. En reconnaissance de l’engagement dédié de la Ville de Montréal dans ce projet, Bob White a ensuite présenté une copie du livre à madame Popéanu.
La soirée a poursuivi avec quelques témoignages des auteurs du livre. Gilles Rioux, contributeur au chapitre The Case of Montréal: Intercultural City “Avant la Lettre”? a offert un résumé du chapitre ainsi qu’un portrait historique du développement de la pensée interculturelle au sein des institutions publiques de la Ville de Montréal. C’est un parcours qui témoigne de la relation complexe et parfois tendue entre les communautés francophones et anglophones et du progrès énorme qui s’est réalisé à travers les dernières décennies afin de réduire l’écart entre ces « deux solitudes ». En effet, depuis l’arrivée des premiers colons français, l’histoire de Montréal est une véritable histoire de rencontres interculturelles, d’abord entre Européens et Autochtones et ensuite entre Canadiens anglais, français et les arrivants plus récents provenant de tous les coins du monde. Dans ce chapitre, monsieur Rioux et la coauteure Marta Massana font preuve du processus de reconnaissance et d’intégration de cette réalité interculturelle au sein des institutions et du développement d’une approche transversale qui sert à guider l’élaboration des politiques et des pratiques favorisant l’inclusion et la participation citoyenne.
Patrice Allard a acheminé en prenant la parole pour parler du chapitre The Role of Intercultural Cities. Dans ce chapitre, Allard s’est engagé à la tâche de positionner la ville « comme un acteur de l’écosystème qui a un rôle actif à jouer au niveau interculturel » et non pas comme juste un territoire où les gens arrivent et habitent. Il désigne les responsabilités qu’à la ville à cet égard, dont, entre autres, reconnaître la diversité (p.ex. à travers différents gestes formels tels que des déclarations et des chartes) et identifier les enjeux qui se jouent au niveau interculturel (tel que le logement, l’emploi et l’intégration sociale) pour permettre les acteurs d’agir sur les enjeux en fonction des rôles que peut jouer la municipalité (p.ex. les rôles de fournisseur de services de proximité, facilitateur de participation citoyenne, médiateur de l’espace public et employeur). En résumé, dit Allard, le chapitre encourage la ville à connaître les nombreux leviers d’action à sa disposition qui peuvent se mettre au travail pour favoriser la cohésion sociale et le vivre-ensemble.
Ensuite, Daniel Côté a présenté le chapitre The Notion of “Diversity Advantage” According to the Council of Europe qui offre une lecture critique sur ce modèle de gestion de la diversité. Comme le soulève monsieur Côté, bien que la notion de diversity advantage (l’atout de diversité) reconnaisse les atouts culturels et sociaux de l’interculturel, elle se penche surtout sur les aspects économiques utilitaires tel que combler la pénurie de la main-d’œuvre, apporter de nouvelles compétences dans les entreprises et gagner l’accès au marché étranger. En tant que chercheur à l’IRSST (Institut de recherche Robert Sauvé en santé et en sécurité du travail), Côté porte de l’attention particulière aux conséquences que peut entrainer une telle approche à l’égard de la santé en contexte de travail dans le marché contemporain : « Dans le concept du Conseil de l’Europe, on passe quasiment sous silence la question de la précarité de l’emploi, la question de l’intensification du travail, la question de la délocalisation, la question des parcours difficiles en matière d’insertion professionnelle et la question de la violence structurelle qui caractérise l’économie globalisée. » Dans ce chapitre, Côté cherche surtout à montrer l’importance de situer l’interculturel dans le contexte actuel qui caractérise l’évolution du capitalisme avancé et à inviter la réflexion sur la réalité des travailleurs dans l’élaboration des approches interculturelles.
Marta Massana a suivi avec un résumé du chapitre Towards a Comparative Analysis of Intercultural Cities dans lequel elle fait une comparaison des approches interculturelles des villes de Botkyrka (Suède), Reggio Emilia (Italie) et Oslo (Norvège). Elle identifie les composantes qui traversent les villes qui se disent des « villes interculturelles » ainsi que les spécificités et les différences. Par exemple, toutes ces trois villes ont une perspective pluraliste à l’égard de la diversité culturelle et ils s’axent sur trois principes structurants : la diversité, la lutte contre la discrimination et le dialogue. Ces trois piliers ne se présentent pas de façon uniforme, mais plutôt dans une géométrie variable selon le caractère et les objectifs des organisations et institutions au sein de la ville. Massana a mis l’accent sur les différentes manières dont les villes ayant une philosophie interculturelle pensent la citoyenneté, et en ce, notamment d’une façon qui dépasse le cadre de l’état nation. Ce dernier témoigne de l’aspect essentiel de l’approche interculturelle : penser au-delà des « recettes » pour la gestion de la diversité et favoriser plutôt une vision transversale qui touche à tous les aspects de la vie publique collective selon les spécificités historiques, politiques et sociales de chaque ville.
La soirée s’est conclu avec une brève présentation de Jorge Frozzini sur le chapitre Intercultural Cities and the Problem with Loaded Words. Dans ce chapitre théorique, il aborde la question du sens des mots qui s’utilisent pour parler de l’interculturel et les frictions qui peuvent découler de l’emploi de certains termes (p.ex. native, race). Frozzini met l’accent sur la recherche de similitudes dans le sens des mots qu’on emploie dans la rencontre et l’importance de ne pas les laisser passer non perçues sous le poids des différences qui y sont souvent attribuées. Dans ses projets à venir, il mettra l’accent sur l’analyse (et éventuellement le développement) des politiques interculturelles dans quelques villes en dehors de Montréal (p.ex. Québec, Saguenay Lac-St-Jean).
Frozzini a terminé en disant que quant aux politiques publiques « il faut les prendre avec des pincettes parce que les politiques, si on y pense, c’est l’outil qu’on utilise pour gérer la vie qu’on a et le vivre-ensemble avec les autres. Oui, on peut les utiliser pour traiter la question de comment interagir avec les autres, on va mettre des ‘barèmes’, mais aussi c’est une façon de faire passer à d’autres présupposés, de façons de voir les choses. C’est quelque chose d’extrêmement important surtout lorsqu’on pense à des communautés. Une communauté, si je peux faire appel à Heidegger, c’est quelque chose qui nous dépasse et qu’on n’a pas nécessairement de contrôle là-dessus. Donc, pour faire un lien entre les politiques et les communautés c’est assez délicat ».
De la part de toute l’équipe du LABRRI, on tient à remercier tous les contributeurs qui ont rendu possible la réalisation du livre Intercultural Cities: Policy and Practice for a New Era, à tous qui est venu célébrer le lancement avec nous et au Centre d’histoire de Montréal d’avoir nous accueillis. Bonne lecture!
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