Parution du livre “L’interculturel au Québec”

L’équipe du LABRRI est fière d’annoncer la sortie du livre L’interculturel au Québec: Rencontres historiques et enjeux politiques, publié aux Presses de l’Université de Montréal (PUM).

 

Couverture

Disponible maintenant en papier ou en version numérique…

 

Ce livre, édité par Lomomba Emongo et Bob W. White, contient des contributions de spécialistes de plusieurs domaines (anthropologie, philosophie, histoire, science politique, communications) et fait partie d’un projet pilote d’édition numérique en collaboration avec la direction des bibliothèques de L’Université de Montréal.  Dans le cadre de ce projet le livre est offert gratuitement en version numérique à l’adresse suivante:

http://www.pum.umontreal.ca/catalogue/interculturel-au-quebec-l

Nous avons prévu plusieurs activités autour du livre.  La première aura lieu le 22 janvier en compagnie des contributeurs et Prof. Gérard Bouchard de l’Université de Québec à Chicoutimi. D’autres informations à suivre…

Voici un extrait de l’introduction du livre:

La pertinence de ce livre relève aussi de la situation particulière du Québec en terre nord-américaine. Cette situation peut être schématisée en trois plans – que nous énumérerons sans en débattre. Sur le plan historique, le Québec moderne se positionne généralement vis-à-vis du Canada anglophone. La persistance de ce face-à-face entre ce qu’on désignait autrefois sous le nom de « deux solitudes » a abouti à ce qu’on appelle aujourd’hui « la question nationale. » D’un côté, le fait amérindien sur l’île de la Tortue (appellation autochtone du continent nord-américain) est systématiquement évacué du revers de la main ; d’un autre côté, le débat sur la question nationale s’épuise dans des considérations sur la survivance du fait français en Amérique du Nord. Dans cette conjoncture, l’interculturalisme se trouve réduit au rôle de critique des politiques du multiculturalisme pancanadien ou, plus positivement, de modèle le mieux adapté à la situation particulière du Québec. Du point de vue interne, une bonne partie du débat nationale se trouve polarisée entre les Québécois de souche francophone et les immigrants de récente date.

Ignorant allègrement les Québécois anglophones et les plus vieilles communautés immigrantes, cette polarité a révélé au grand jour le malaise identitaire des premiers, ainsi que leurs craintes, fondées ou non, par rapport à l’accroissement du nombre d’immigrants non européens. Témoin, l’émotion qui a étreint le pays avant, pendant et après la Commission Bouchard-Taylor sur les accommodements raisonnables, malgré les efforts de cette dernière pour ramener le tout à une simple «crise de perception». Du point de vue externe, l’Europe notamment perçoit de plus en plus le Québec et, en particulier, Montréal comme un phare de l’interculturalisme. En effet, certains observateurs ont fait le constat non confirmé d’un consensus autour de l’interculturalisme comme modèle de gestion de la diversité, au sens très précis de l’intégration des immigrants. Gérard Bouchard apparaît ici comme le porte- étendard de ce «Québec interculturel». En réalité, l’interculturalisme est ramené au rang d’outil politique, courant ainsi le risque d’une récu- pération idéologique. Au demeurant, on est en droit de se demander jusqu’à quel point l’intégration des nouveaux arrivants dans le moule culturel de la majorité francophone ne jure pas avec l’ouverture à l’Autre que propose le mot « interculturalisme » ?

D’où notre méfiance légitime, voire notre inquiétude devant un double risque. Premièrement, le risque de recycler à trop bon compte le mot « interculturalisme » dans le sens du nouveau mythe fondateur du Québec, intellectuellement « mieux défendable » et politiquement « plus correct ». Deuxièmement, le risque de fournir sans débat véritable une caution scientifique à une probable instrumentalisation politique du terme, à partir d’une analyse biaisée de la réalité historique et sociocul- turelle du Québec. Alors que l’interculturel représente un défi multidi- mensionnel. Il y a d’abord sa graphie: faut-il écrire interculturalisme, interculturalité, interculturel ou, encore, inter-cultures? Il y a ensuite son caractère expansif et englobant: il n’indiffère rien de ce qui est humain. Enfin, il y a son questionnement : le fait de prendre la parole à son sujet est toujours et déjà un geste ancré dans au moins une culture donnée, y compris lorsque cette parole entend aller au-delà de cet ancrage…

Les directeurs de publication

Lomomba Emongo et Bob W. White, directeur du Laboratoire de recherche en relations interculturelles, sont tous deux professeurs au Département d’anthropologie de l’Université de Montréal.

Avec la collaboration de :

Pierre Anctil, Charles Blattberg, Jorge Frozzini, Danielle Gratton, Joseph Josy Lévy et François Rocher.

 

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