Atelier avec Annick Germain : “Montréal, ville inclusive?”

Atelier mensuel du LABRRI avec Annick Germain
Vendredi 20 février 2015

Compte rendu de Philippe T. Desmarais et Marta Massana


Dans le cadre de ses ateliers mensuels, le LABRRI recevait le 20 février dernier Annick Germain, professeure titulaire à l’INRS. Ses recherches sont multiples, et portent principalement sur les dynamiques sociales et urbaines en contexte migratoire. L’atelier a porté sur les politiques locales, autant dans un contexte international que dans celui plus spécifique de la ville de Montréal. Dans une activité réalisée lors de la dernière partie de l’atelier, nous nous sommes questionnés quant à la résurgence du terme « inclusion » et des liens à tisser entre cette notion et celle de l’ « interculturel », tel qu’entendu par le LABRRI.

À Montréal, on observe que les vagues récentes d’immigration sont particulièrement dispersées dans l’espace urbain, comparativement aux décennies précédentes. D’ailleurs, l’immigration à Montréal est principalement centrée dans les quartiers de classe moyenne, ce qui crée un contraste avec la littérature européenne sur le sujet.

Professeur Germain a identifié trois types de politiques qui visent l’inclusion à l’échelle municipale :

  1. Politiques d’immigration et d’établissement des nouveaux arrivants.
  2. Politiques de gestion de la diversité, par exemple l’adoption de « politiques interculturelles » par les arrondissements.
  3. Politiques urbaines générales pouvant concerner de manière spécifique les immigrants.

L’une des spécificités du niveau municipal en matière de gestion de la diversité est la présence de politiques et de programmes provenant des plusieurs paliers gouvernementaux. Ainsi, les politiques d’immigration et de sélection concernent plutôt le niveau fédéral et provincial, bien que les villes commencent, de plus en plus, à jouer un rôle important dans ce domaine.

Les politiques de gestion de la diversité, proprement dites, sont davantage de compétence municipale. L’inexistence d’un cadre global pour l’ensemble du municipal, en plus des différences existant entre les municipalités, justifierait l’existence d’une variété d’approches en matière de gestion de la diversité. Finalement, les politiques urbaines plus générales ne sont pas, elles non plus, homogènes pour l’ensemble du territoire. Cela est dû, entre autres, aux dynamiques de centralisation et décentralisation dans les arrondissements de Montréal depuis un certain nombre d’années.

Nous constatons actuellement une résurgence de la notion d’inclusion; en tant que processus réciproque, elle fait appel des nouveaux regards sur les différentes formes d’appartenance et d’identité. Les notions de reconnaissance et d’espaces publics sont au cœur de l’analyse de l’inclusion, qui implique nécessairement des observations sur les zones de contact.

Réactions

L’absence de politiques ou d’un cadre trop rigide peut être positif. Ce manque peut permettre aux différents acteurs d’avoir une certaine souplesse sur les manières d’agir en rapport avec un contexte ou une réalité locale. Il peut donc paraître important de ne pas trop encadrer les dynamiques interculturelles, mais en même temps plusieurs acteurs et intervenants y voient une grande importance. Dans ce cas, que faire?

Donner certaines orientations ne peut être que bénéfique. Disons que formuler un cadre qui soit souple peut effectivement aider à construire des conditions favorables à des rencontres interculturelles et à des interactions constructives. Il s’agit donc de chercher un juste milieu : encadrer sans trop imposer des contraintes.

Ainsi, Annick Germain a remarqué l’importance de mettre en place des politiques « d’accompagnement », ce qui veut dire que l’accompagnement pourrait être entendu comme une politique. En ce sens, on constate le besoin des acteurs du milieu d’être accompagnés dans la gestion des situations interculturelles quotidiennes.

Pourquoi formuler des « politiques interculturelles » qui deviennent des coquilles vides, du moins aux yeux des intervenants locaux?

D’abord, ces politiques ne sont pas interculturelles dans le sens fort du terme (voir les écrits de Pannikar ou du LABRRI). Trop souvent, le mot «interculturel» est utilisé uniquement pour répondre au besoin de reconnaitre la diversité grandissante sur un territoire donné (par exemple l’arrondissement Saint-Laurent). En réalité, plusieurs groupes qui se trouvent dans l’espace urbain, non seulement ceux issus de l’immigration, s’attendent à être accompagnés dans l’aventure de la diversité urbaine. C’est pourquoi il faut être attentifs aux politiques émergentes qui ne répondent pas nécessairement aux besoins et aux demandes des citoyens ou des intervenants.

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