Mission du LABRRI

Créé en 2010, le LABRRI réunit des chercheurs, des intervenants et des étudiants qui s’intéressent aux dynamiques des relations sociales en contexte interculturel.

Notre programme de travail, qui se veut un croisement de la recherche fondamentale et de la recherche appliquée, met à profit aussi bien les avancées de la connaissance dans les domaines de recherche en sciences humaines, que l’expertise et les savoirs communautaires et institutionnels (pour voir une description détaillée des axes de recherche, cliquez ici).

Dans l’ensemble de nos activités, nous voulons comprendre de façon empirique les enjeux historiques et politiques de la réalité plurielle qui caractérisent les sociétés contemporaines, mais aussi les présupposés épistémologiques de toute discipline qui a contribué à la recherche interculturelle (l’anthropologie, la philosophie, la psychologie, les sciences politiques, la communication et la sociologie, pour ne citer que celles-ci).

Le mot « interculturel » peut faire référence à plusieurs objets : l’interculturalité, l’interculturel et l’interculturalisme. L’interculturalité —c’est-à-dire l’ensemble des interactions entre personnes venant d’horizons culturels différents— décrit un phénomène qui existe dans toutes les sociétés et dans toutes les périodes historiques. L’interculturel fait référence à toute une tradition de pensée ou courant épistémologique qui s’intéresse à l’analyse des interactions et à la réduction des barrières qui font obstacles à la communication dans une perspective de rapprochement entre les personnes et entre les peuples. En plus de ces deux usages, il faut en distinguer un troisième, celui de l’interculturalisme, c’est-à-dire un cadre politique de gestion de la diversité qui s’est développé au Québec depuis une trentaine d’années, mais qui n’a jamais fait l’objet d’une loi ou politique officielle.

Ces trois registres du terme se retrouvent dans les projets de recherche du LABRRI et nous essayons de démontrer l’importance des liens—parfois fragiles—qui existent entre eux. Nous sommes conscients du fait que le mot « interculturel » peut provoquer des malaises. D’un côté, le terme peut déranger une certaine sensibilité « républicaine », pour qui la manifestation de toute spécificité représente une menace à la visée universaliste et à la cohésion sociale. D’un autre côté, nous savons aussi qu’en faisant appel à la notion de la culture, l’interculturel peut également déranger ceux qui tiennent cette dernière pour un concept démodé et essentialiste et pouvant ouvrir la porte à des pratiques discriminatoires.

Au LABRRI, nous sommes fortement influencé par la pensée anthropologique, mais nous utilisons le terme « culture » dans son sens plus général (par exemple quand on parle d’une « culture professionnelle » ou d’une « culture disciplinaire »). Nous insistons sur le fait que les individus possèdent plusieurs identités, que l’identité est dynamique et malléable et que les facteurs dits « culturels » ne sont pas toujours les seuls ou les plus importants dans l’analyse des interactions—d’où l’importance d’autres catégories identitaires, tels la race, la langue, la religion, le groupe ethnique, la classe sociale ou le genre (gender).

Les travaux du LABRRI visent l’élaboration d’une épistémologie de l’interculturel qui va au-delà des approches disciplinaires et ponctuelles. En même temps, et de façon plus concrète, nous travaillons à partir d’un cadre d’analyse systémique qui s’inspire de la philosophie herméneutique et qui cherche à explorer la complexité humaine à travers l’analyse critique des interactions en contexte interculturel. Dans nos travaux nous accordons une attention particulière aux différents acteurs concernés par les situations interculturelles ainsi qu’au développement des compétences individuelles et organisationnelles. Ceci veut dire que nous travaillons en partenariat et avec une méthodologie qui s’inspire des approches collaboratives afin de faciliter le changement social, autant des pratiques institutionnelles que des pratiques citoyennes.

Bob W. White, Directeur du LABRRI