Plusieurs membres de l’équipe du LABRRI seront au XIXe Congrès International de l’ARIC et IIe congrès international de l’ÉDIQ: Parcours interculturels et migratoires complexes : trajectoires, stratégies et réponses institutionnelles. Ce dernier aura lieu du 19 au 23 juin à l’Université Laval.
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Deux panels sont organisés par l’équipe:
L’apport de la pensée systémique dans le processus de compréhension de la complexité interculturelle au LABRRI : constats, témoignages et résultats (19 juin)
Ce symposium consiste à faire le bilan critique de l’initiative de plusieurs chercheur·es en sciences humaines et sociales d’intégrer les méthodes de la pensée complexe ou systémique à leurs efforts pour mieux appréhender les interactions complexes en contexte de super-diversité culturelle.
En première analyse, les chercheur·es y ont trouvé un apport significatif, notamment dans les travaux visant l’étude de la dimension processuelle (plutôt que fonctionnelle ou structurelle) de l’interculturalité. Notre hypothèse initiale a consisté à attribuer une valeur explicative intrinsèque à la perspective systémique dans le cadre des études d’objets complexes comme les phénomènes interculturels. Ceci, principalement parce que la méthode de modélisation qui soutient les ramifications de la pensée complexe ou systémique A) met en œuvre des pratiques interdisciplinaires cohérentes, lesquelles sont fondées sur la compatibilité, voire l’unité des fondements épistémologiques des disciplines en jeu (comme le constructivisme dit « robuste »); B) privilégie la combinaison de plusieurs modes de raisonnement en mettant en place ce que Gregory Bateson appelait le raisonnement « en pince », lequel combine le travail inductif, déductif, transductif et métaphorique ; C) préconise l’agencement judicieux d’orientations de recherche complémentaires intégrant les orientations « personnalistes » qui centrent le regard sur la variation des comportements individuels, « situationnistes » qui favorisent la compréhension des conditions, des contextes et des événements contribuant au fonctionnement d’un système, et « écologistes » selon un terme exprimant la volonté d’élever la réflexion à un plus haut degré d’abstraction.
L’un des résultats particulièrement remarquables obtenus par la méthode systémique dans le contexte de la recherche sur la complexité des interactions en contexte de super-diversité culturelle semble être la mise en relief de paradoxes qui seraient, autrement, invisibles. Les communications respectivement préparées par Daniel Côté, Maude Arsenault et Jorge Frozzini en donnent des exemples concrets. Un autre apport appréciable que constitue l’intégration des méthodes de la pensée systémique nous apparaît être le développement de modèles explicatifs inclusifs favorisant une représentation commune du pluralisme dans l’esprit des partis engagés dans les dossiers de gestion de la diversité culturelle. De tels modèles systémiques semblent augmenter la cohésion des équipes s’exerçant en ouverture disciplinaire, faciliter les interventions auprès des divers branches professionnelles impliquées dans la gestion de la diversité ou même aplanir les aspérités des échanges en milieu citoyen complexe. Dans cette perspective, Bob White propose de présenter l’historique du modèle systémique « 3D » (Diversité, Dialogue, Discrimination) en illustrant par des exemples et expériences vécues en ateliers de recherche-action partenariale quels sont les obstacles ou les opportunités qui se sont présentés lors d’échanges entre protagonistes ne partageant pas la même conception du pluralisme. Un dernier avantage de l’intégration des méthodes de la pensée systémique à la recherche sur la super-diversité est le retentissement positif de cette approche auprès des nouveaux chercheurs intéressés par la question des relations interculturelles. Les présentations respectives de Sylvie Genest (professeure) et de Roxane Archambault (étudiante) en fourniront des témoignages concordants.
La cohabitation à l’ère de la super-diversité: Analyses préliminaires de la recherche sur les situations interculturelles (21 et 22 juin)
Nous vivons une période de mobilité humaine sans précédent. Cette nouvelle réalité déstabilise les fondements des sociétés d’accueil et nous oblige à repenser notre compréhension des formes quotidiennes de contact et de cohabitation au niveau local. Les dynamiques de cohabitation dans des contextes urbains sont vécues à différentes échelles ou niveaux : au sein des foyers, dans différents environnements de vie et contextes de travail, à travers des interactions dans l’espace public et dans multiples contextes institutionnels. Certains types d’interactions contribuent positivement au sentiment d’appartenance et, plus largement, à la cohésion sociale. D’autres interactions renforcent les préjugés qui peuvent conduire à de nouvelles formes d’exclusion. Dans les conditions de proximité qui caractérisent des espaces urbains de plus en plus diversifiés, quels sont les différents types d’interactions qui ont le plus d’impact sur la dynamique de la cohabitation? Existe-t-il des situations récurrentes qui favorisent ou empêchent les liens de confiance entre individus ou communautés? Quels sont les facteurs sous-jacents à ces interactions qui contribuent à une meilleure compréhension de la transformation sociale à l’ère de la super-diversité (vertovec, 2007)?
Dans ce symposium, nous présentons une série de réflexions à partir d’une nouvelle méthodologie de collecte et d’analyse de données ethnographiques sur les dynamiques de communication en contexte pluriethnique. Après une introduction sur la méthodologie, en particulier sur ce que nous entendons par « situations interculturelles », nous expliquons l’évolution de notre projet « Dynamiques de cohabitation à l’ère de la super-diversité » et la manière dont une série de contingences sur le terrain a conduit à l’émergence de ce que nous appellerons « ethnographie indirecte ».
La première partie du symposium présentera le cadre théorique et méthodologique des Ateliers de situations interculturelles utilisés pour recueillir des données sur les dynamiques interculturelles, en se concentrant spécifiquement sur la façon dont les participants aux ateliers travaillent ensemble pour identifier et décrire les situations, et sur les difficultés de parler des différences culturelles sans renforcer les préjugés. Cette partie du symposium sera réservée à des présentations sur les types logiques de situations interculturelles et l’utilisation des nouvelles technologies numériques dans la gestion et l’analyse des données complexes sur les situations interculturelles. La deuxième partie se concentrera quant à elle sur la construction du sens autour des situations interculturelles pour celles et ceux qui explicitent un certain nombre de préoccupations dans le cadre de leurs milieux respectifs. Dans la troisième et dernière partie de notre symposium, nous présenterons des analyses des situations interculturelles dans différents milieux de vie et secteurs de travail (bibliothèques, vie universitaire, espace public, environnement, santé, services municipaux, organismes communautaires, entre autres).
Plusieurs autres présentations des membres du LABRRI auront également lieu:
Les services offerts par des universités québécoises aux étudiants internationaux pendant le confinement lié à la COVD-19: expériences vécues et perceptions- Farrah Bérubé, Jessica Dubé, Daniel Côté, Jorge Frozzini et Josy Lévy Joseph (19 juin)
Entre espaces de rencontres et espaces d’intégration : le cas du jumelages interculturel à Montréal- Laurence Bourassa-Lapointe (20 juin)
Parcours de vie de travailleurs immigrants accidentés du travail, précarisation et enjeux structurels limitant les possibilités de retour au travail- Daniel Côté et Jessica Dubé (21 juin)
Inclusion en contexte interculturel municipal : Perceptions des personnes issues de l’immigration- Sophie Thibodeau (21 juin)