L’équipe du LABRRI tient à souligner la parution du numéro spécial «Everyday Cohabitation: New Methods for New Times» dans Journal of Intercultural Studies, sous la direction de Bob White et Annick Germain (INRS).
Cette publication tente de mettre en lumière différents enjeux liés à la cohabitation interculturelle en contextes urbains. Ces milieux se diversifient rapidement et représentent aujourd’hui un certain nombre de défis méthodologiques, car les normes dans les espaces publics sont nécessairement plurielles et les interactions que l’on y observe peuvent varier en durée et en intensité. Afin de mieux comprendre l’évolution rapide de ce phénomène, les contributeurs au numéro spécial du JICS se posent la question de savoir comment étudier la cohabitation sous différents angles. Certains articles abordent les méthodologies d’étude de la cohabitation d’un point de vue philosophique ou épistémologique tandis que d’autres s’intéressent plus spécifiquement à l’encastrement de la question éthique dans les méthodologies de recherche de terrain. Tous les articles de ce numéro s’intéressent à un certain niveau à la manière dont des stratégies méthodologiques peuvent être développées ou adaptées pour répondre à une grande variété de contextes, en particulier ceux caractérisés par une diversité ethnique et raciale croissante.
S’appuyant sur des recherches ethnographiques dans le quartier londonien de Kilburn, l’article de Farhan Samamani soutient qu’au lieu de plaider en faveur ou contre la notion de convivialité, les chercheurs doivent s’assurer que leurs cadres conceptuels sont cohérents avec ce qu’ils voient sur le terrain. Xavier Leloup pose un certain nombre de questions sur la façon dont les chercheurs en sciences sociales prennent des décisions sur les cadres théoriques, les sites de terrain et les boîtes à outils méthodologiques. L’article d’Anick Volleberg examine comment les résidents locaux comprennent et parlent de la cohabitation, notamment à travers le discours sur le vivre ensemble à travers diverses formes de différence.
Dans leur article, Goran Vodicka et Clare Rishbeth interrogent notamment l’éthique de la conception urbaine pour contre-interroger la manière dont les identités professionnelles et académiques influencent les différences d’accent, et comment ces facteurs, à leur tour, informent la conception de la méthodologie. Francine Saillant et Sarah Bourdages-Duclot présentent les résultats d’un projet expérimental sur la jeunesse, «La ville d’à côté», la marginalité et les imaginaires de la cohabitation dans quatre grands centres urbains : Paris, Montréal, Port-au-Prince et Rio de Janeiro.
Dans son article, Martha Radice propose la notion de «pop-up ethnography» pour parler d’une série de stratégies méthodologiques plus adaptées à l’enquête ethnographique dans les espaces publics urbains. Enfin, Bob W. White, Anthony Grégoire et Mathilde Gouin-Bonenfant proposent une méthodologie de collecte de données ethnographiques sur les situations interculturelles, l’«ethnographie indirecte», tout en explicitant les difficultés à décrire des situations interculturelles et à parler de différence sans renforcer les préjugés.