« Montréal, cité interculturelle. Stratégie intégrée en six étapes et conditions de réussite pour une politique interculturelle » : Compte-rendu du lancement de l’avis du Conseil interculturel de Montréal
24 avril 2019
Compte-rendu fait par Anna Krol
Le 24 avril 2019, le CIM a organisé au Musée des Beaux-Arts de Montréal le lancement officiel de l’avis Montréal, cité interculturelle. Stratégie intégrée en six étapes et conditions de réussite pour une politique interculturelle.
Madame Cathy Wong, présidente du conseil municipal, et Madame Magda Popeanu, vice-présidente exécutif et responsable de la culture et de la diversité montréalaise ont souligné l’importance du travail fourni par CIM.
« J’ai beaucoup apprécié cette position très claire antiraciste. Je pense que c’est important de le mentionner parce qu’on parle beaucoup de vivre ensemble, on parle beaucoup de diversité, mais parfois on oublie de parler des enjeux de racisme et dans cet avis on les nomme. On parle de discrimination, on parle de ces enjeux qui continuent encore affecter beaucoup de Montréalaises et Montréalais, donc félicitations d’avoir pris ce positionnement très clair antiraciste (…). Cet avis nous invite à poser la question comment on inclut la diversité, comment mettre les immigrantes, les immigrants dans la conversation sur la société … » a dit madame Cathy Wong
« C’est le moment marquant dans l’histoire montréalaise. (…) Cet avis donne à la métropole les moyens de développer une stratégie proprement interculturelle en proposant des choses concrètes qui permettront de mieux répondre à la réalité du Montréal d’aujourd’hui. (…) Alors c’est incontestablement un plaidoyer très audacieux. (…) Un plaidoyer en faveur de l’établissement d’orientation pleine et structurante afin de favoriser l’orientation encore plus reconnue aux enjeux de la diversité » a affirmé madame Magda Popeanu.
LA PRÉSENTATION DE L’AVIS PAR FANNY GUÉRIN, MEMBRE DU CIM :
Cet avis émane de l’initiative des membres afin de revoir l’approche interculturelle du CIM. Cet avis structure une réflexion et ne répond pas à un enjeu spécifique. La politique interculturelle est une réponse qui s’impose face au défi de structuration des initiatives existantes à la Ville afin d’élaborer une vision forte.
Pourquoi cet avis ?
- Pour doter la Ville d’une vision englobante et audacieuse qui va appuyer le travail des services, le travail déjà existant et va renforcer ce cadre ;
- parce que Montréal doit être un leader dans les relations interculturelles ;
- Les tendances démographiques : la diversité culturelle, religieuse, linguistique n’est pas un phénomène à surmonter ponctuellement, c’est là pour rester ;
- La politique interculturelle est un outil démocratique ; c’est un cadre essentiel en matière de prise en compte des relations interculturelles : « on ne veut pas gérer les minorités, on veut donner des outils pour que toutes les communautés puissent construire Montréal et construire ses quartiers, etc. » – précise Fanny Guérin ;
- Pour plus d’efficacité et d’efficience dans la livraison des services ;
Trois piliers sur lesquels reposeraient cette politique et l’approche à l’interculturel :
- La reconnaissance de la diversité – il s’agit de reconnaître et de souligner les apports positifs – passés, présents et futurs – de la diversification sociale ;
- L’égalité et les droits de toutes et de tous – il s’agit de reconnaître et de surmonter les effets négatifs des rapports de force dans le tissu social ;
- Les interactions productives – il s’agit d’insuffler une certaine vitalité au sein de la société à travers des interactions interculturelles productives
Ces trois principes sont inter reliés et forment un cadre fort. Ils sont un appui aux des six recommandations qui « constituent une politique interculturelle pour les générations futures qui permettrait de traverser des différentes administrations et de poursuivre ce travail qui est entamé depuis très longtemps déjà, de consolider tous les efforts » – explique Fanny Guérin.
Les six recommandations sont les suivantes :
R1 : que la Ville enchâsse un principe interculturel dans la Charte montréalaise des droits et responsabilités ;
R2 : que la Ville poursuive et consolide ses efforts en matière de relations interculturelles à travers l’élaboration d’une politique interculturelle qui découle de l’adoption du principe interculturel ;
R3 : Que la Ville appuie les démarches en vue de l’élaboration d’un cadre de gestion et de référence pour les fonctionnaires municipaux qui s’arrime à la politique interculturelle ;
R4 : Que la Ville mandate une instance et alloue les ressources humaines et financières nécessaires afin de coordonner l’ensemble du chantier interculturel à venir et d’assurer, par la suite, un suivi et une évaluation conséquente des démarches de la Ville de Montréal en matière de relations interculturelles ;
R5 : Que la Ville de Montréal mène une consultation publique inclusive et participative sur la mise en œuvre d’une politique interculturelle ;
R6 : Que la Ville, dans toutes ses initiatives réglementaires et administratives, anticipe les effets potentiels sur les personnes issues de la diversité et qu’elle insère une clause d’impact diversité dans ses sommaires décisionnels.
L’intervention de Mme Pierre a clôturé la présentation officielle de l’avis. La Présidente de la Table sur la diversité, l’inclusion et la lutte contre les discriminations a félicité et a déclaré un vif appui au CIM pour son initiative :
« La Table croit qu’il est impératif que la Ville de Montréal se dote d’une réelle politique interculturelle » a dit Mme Pierre. Néanmoins, elle a précisé « (…) on amène un élément additionnel. On croit que la mesure spécifique doit être dotée de mise en œuvre pour contrer la discrimination et le racisme structurel ».
LABRRI et CIM
La préface de l’avis est signée par le directeur du LABRRI, le professeur Bob White, et plusieurs membres de l’équipe ont participé à cette réflexion depuis les débuts des collaborations entre le LABRRI et le CIM. Il est important de noter que le premier pas du partenariat « Montréal, Ville Interculturelle » a été marqué par une réflexion commune entre les membres du CIM et plusieurs membres du LABRRI. Le LABRRI et tous ses partenaires sont ravis de voir cet avis paraître. On souligne les efforts importants du CIM pour garder cette question dans les débats de l’espace public et on espère que la Ville de Montréal ira de l’avant avec ses plans de se dotera d’une véritable politique interculturelle.