Atelier du 2 novembre 2017
Compte-rendu de Dalila Carvalho
Compte rendu de la conférence de Lola Lopez Fernandez, intitulée: Actualités et défis du Plan interculturel de Barcelone
Lola Lopez est experte en interculturel, en migration sur la question du vivre-ensemble en contexte municipal. Depuis 2015, elle occupe le poste de Commissaire à l’immigration, à l’interculturalisme et à la diversité à la Ville de Barcelone. Elle a été la directrice du Centre d’études africaines et interculturelles où elle a travaillé comme chercheure depuis 1990 et elle est membre fondatrice du collectif Stop aux phénomènes islamophobes (SAFI). Elle a fait partie de la Commission directrice du Réseau anti-rumeurs de Barcelone depuis ses débuts. Elle est aussi membre du groupe Multiculturalisme et Genre de l’Université de Barcelone (UB).
Dans le cadre de cette conférence suivie des commentaires de Marie-Aline Vadius (Présidente du Conseil interculturel de Montréal) et Gilles Rioux (co-coordonnateur du Groupe de travail des institutions locales de l’Université de Montréal), Lola a d’abord présenté le Plan interculturel de Barcelone, expliquant les trois principes à la base de l’interculturel. Elle a ensuite exposé les objectifs et la méthodologie, pour terminer en parlant rapidement des principales réalisations du Plan interculturel de Barcelone.
Les trois principes à la base de l’interculturel
Bien que le Plan interculturel de Barcelone ait été présenté en 2010, le travail de confection commença en 2008. À l’époque, en Europe, il y avait deux modèles de gestion de la diversité déjà en cours : le premier était le modèle assimilationniste, dont l’exemple était le modèle français considéré plus comme un anti-modèle, c’est-à-dire, un modèle de ce qu’il ne faut pas faire; le second était le modèle multiculturel adopté par la Grande-Bretagne. Celui-ci était considéré plus développé que le modèle assimilationniste, malgré qu’il soit aussi marqué par plusieurs problèmes.
Cette situation de retard dans l’élaboration d’un modèle approprié a permis à Lola et son équipe de bien évaluer et apprendre des défauts de ces deux modèles précédents, ce qui leur a donné l’occasion de le faire autrement. Toutefois, Lola a soulevé que le modèle interculturel n’est pas parfait.
Donc, le plan interculturel de Barcelone fut construit autour de trois principes sans lesquelles il est impossible de parler de l’interculturel :
- L’égalité des droits ou l’équité d’opportunités de travail, sociales, etc. : travailler contre la discrimination et le racisme est primordial. Cependant, si tous les efforts sont concentrés sur cet objectif, il en résulte que l’approche n’est plus interculturelle. Le modèle devient assimilationniste, c’est-à-dire, la défense des droits de tous les citoyens.
- Reconnaître l’existence de la diversité sous un regard positive, autrement dit reconnaître le pluralisme religieux, culturel, etc. présent dans la réalité. Toutefois, il ne s’agit pas de promouvoir la diversité, mais de reconnaître tout simplement qu’elle est là, qu’elle existe. Encore une fois, si tous les efforts sont concentrés sur la reconnaissance de droits des personnes venus d’ailleurs, en conséquence, le modèle devient multiculturaliste.
Donc, c’est le troisième principe qui nous amène vraiment au modèle interculturel, à savoir :
- L’interaction positive entre les personnes qui habitent dans une ville : les citadins doivent se connaître et entretenir un dialogue interculturel. Il n’y a pas de dialogue interculturel si les individus ou les communautés ne dialoguent pas au même niveau. Il est fondamental, pour garantir que les individus et les communautés issus de la diversité puissent interagir au même niveau avec les autres, de travailler pour l’égalité des droits (lutter contre le racisme et la discrimination) et pour la reconnaissance positive de la diversité.
Les objectifs stratégiques du plan
- stimuler, créer des espaces pour favoriser le dialogue et les relations interculturelles ;
- sensibiliser à la question de l’interculturel et de la dignité;
- connaître et reconnaître la diversité culturelle et religieuse présente dans la ville;
- générer des opportunités pour que les sections développent des projets interculturels ensemble;
- intégrer de façon transversale la perspective interculturelle dans les différents départements de la mairie de Barcelone.
Celui-ci est l’objectif plus important. Tous les efforts de l’équipe s’y sont concentrés.
La méthodologie
- Le premier point est de maintenir la cohérence entre les techniques et les concepts. Il est important d’arriver à un accord entre les concepts politiques, théoriques, etc., et ceux qui font le travail technique au quotidien, les techniciens.
- La sensibilisation comme un outil pour la transversalité interne et externe de la mairie, autrement dit, la transversalité interne, externe, sectorielle et territoriale;
- Travailler ensemble avec des institutions et des acteurs clés du territoire en conservant la souplesse nécessaire pour s’adapter à chaque territoire, à chaque acteur.
- Contrairement au modèle assimilationniste et multiculturel, le modèle interculturel est un processus à long terme. Pourtant le plan n’a que huit ans. Donc, le but est d’avoir plutôt une politique avec une perspective interculturelle qu’une politique interculturelle. À ce jour, l’élaboration d’une politique interculturelle à part entière demeure le plus grand défi.
- Travailler en équipe.
Pour l’évaluation des résultats et des stratégies de travail, trois questions guideront la tâche : qu’est-ce qu’on est? Qu’est-ce qu’on fait? Qu’est-ce qu’on devrait être?
Les principales réalisations du plan par secteur
Le premier champ de travaille de l’interculturel à Barcelone fut le domaine du féminisme et la communauté LGTB, ce ne qui est pas du tout en hasard considérant que l’approche interculturelle a cheminé à peu près sur le même sentier que l’approche de genre. En 2014, dans un travail conjoint avec le département de transversalité et genre, une formation sur l’intersectionnalité a été donnée aux professionnels du Plan d’information et d’attention aux femmes à Barcelone.
Enfin, les principaux accomplissements du plan :
- L’intégration de la perspective interculturelle dans le plan de développement communautaire de la Ville. Travailler sur la perspective interculturelle auprès des Architectes et urbanistes fut une victoire importante du plan.
- Secteur du commerce : le programme Barcelone Active. Il s’agit d’un programme qui vise à encourager les entrepreneurs de la ville à travailler avec des groupes défavorisés, notamment le groupe tsigane.
- Secteur de la santé public : la formation anti-rumeur auprès des professionnels de la santé publique; aussi l’incorporation du savoir-faire des femmes issu de la diversité pour faire dormir les bébés dans certains centres de santés.
- Secteur de la culture : l’institut de la culture de Barcelone a travaillé avec le département de communication dans l’inclusion de la diversité dans les affiches de la mairie. Jusqu’en 2015, les affiches n’avaient que des blancs.
- Les stratégies anti-rumeur : le programme le plus connu à Montréal. Les réseaux anti-rumeur sont constitués d’à peu près 500 organismes communautaires. En septembre 2017, 2000 agents anti-rumeur ont été formés. Les stratégies impliquent, grosso modo, la formation, un guide de communication et des activités anti-rumeur dans plusieurs formats.