Présentation des résultats de recherche préliminaires sur la création d’un Bottin interculturel (compte rendu proposé par Jorge Frozzini)
Le 26 janvier 2012, dans le cadre de la série « Ateliers du LABRRI », Laurie Savard et Rachel Boivin-Martin ont présenté leurs résultats préliminaires sur la création d’un bottin interculturel. Cet outil constitue l’un des premiers pas dans l’entente de partenariat de recherche entre le LABRRI et le Conseil interculturel de Montréal (CIM)[1].
En ce jeudi matin d’une belle journée du mois de janvier, nous avons eu le plaisir d’entendre la présentation de Laurie Savard et Rachel Boivin-Martin portant sur l’élaboration d’un « bottin interculturel ». Elles nous ont fait part non seulement de leur méthodologie de recherche, mais aussi de leurs observations et de la première version du bottin électronique qui devrait être mis en ligne au début de 2012. La présentation a mis en évidence l’utilité du bottin comme une référence pour les différents chercheurs intéressés par la réalité et l’orientation de recherche interculturelle, principalement dans l’Est du Canada. De plus, il aura l’avantage d’être interactif puisqu’il est construit sous forme de wiki, en plus de nous permettre de visualiser les différents réseaux dans lesquels les chercheuses et les chercheurs évoluent. Parmi les informations originales contenues dans le bottin, nous retrouvons une liste de publications illustrant le courant interculturel du chercheur. Par exemple, nous pouvons citer des textes tels que celui de Lomomba Emongo. 2011. « Il était une fois l’Autre. Propos pour une recherche en alternatives ». Eberhard, Christoph. (éditeur). Le courage des alternatives. Éditions Académia-Bruylant. Sous presse; ou celui de Danielle Gratton. 2009. L’Interculturel pour tous : une initiation à la communication pour le troisième millénaire. Éditions : Saint-Martin et ainsi de suite.
Afin de constituer ledit bottin, il aura fallu un immense travail de recherche en vue de collecter l’information pertinente à travers le Québec et l’Ontario. En effet, la méthodologie proposée pour trouver les chercheurs travaillant dans une perspective ou une orientation interculturelle n’était pas quelque chose d’aisé, car cette dernière n’est pas toujours explicite dans l’information disponible au sujet des chercheurs. Ainsi, elles ont procédé par une série d’étapes leur permettant d’écarter ou de retenir les chercheurs pertinents à la constitution de ce bottin et cela à travers toutes les disciplines pouvant faire appel à une telle perspective.
La première étape était celle de la définition. Elles ont procédé, en premier lieu, à la distinction de l’utilisation du terme interculturel à l’aide de trois registres :
- Le registre sociologique ou thématique, c’est-à-dire l’utilisation du terme pour décrire un état de fait ou une rencontre.
- Le registre idéologique ou dynamique selon lequel l’interculturel est un modèle décisionnel, une façon de gérer la diversité, etc.
- Le registre de l’orientation, d’une épistémologie ou d’une philosophie interculturelle en ce sens que l’interculturel renvoie à une vision du monde ou à une éthique relationnelle.
À l’aide de ces trois registres, lors de la deuxième étape, elles ont pu commencer à rechercher les chercheuses et les chercheurs intéressés par ce domaine. Une fois cette étape réalisée, elles ont procédé par institutions universitaires et en dernier lieu à partir des références se trouvant dans les publications ou travaux de recherche.
À l’aide des trois registres, les conférencières ont exploré les intérêts des chercheuses et des chercheurs pour la culture. Par la suite, elles se sont penchées sur le contexte d’utilisation du mot interculturel ou, en d’autres termes, la façon de le combiner avec d’autres mots. Elles se sont rendu compte, entre autres choses, que les trois registres sont complémentaires, tout en étant conscientes que ce modèle des trois registres ne s’applique pas nécessairement en dehors du Québec. De plus, elles ont pu constater des différences dans l’utilisation du terme interculturel entre les anglophones et les francophones, en plus de l’importance du vocabulaire utilisé par les chercheuses et les chercheurs pour bien comprendre ce qu’ils entendent par interculturel. En ce sens, une observation particulièrement intéressante a été l’utilisation des différentes déclinaisons du terme interculturel, selon le registre utilisé par la chercheuse ou le chercheur. Ainsi, lorsqu’on utilise le premier registre (sociologique), on a tendance à utiliser le terme interculturalité, tandis que dans le deuxième registre (idéologique/dynamique) c’est plutôt le vocable interculturalisme qu’on utilise. Finalement, parmi les chercheuses et les chercheurs utilisant le troisième registre (orientation/épistémologie/philosophie) c’est davantage le mot interculturel qui prédomine.
Lors de cette présentation, il y a eu une série de discussions autour des critères de sélections des chercheuses et des chercheurs mentionnés dans le bottin. En effet, que faire par exemple, d’une personne qui n’a pas été inscrite dans le bottin et qu’elle considère que cela devrait être le cas? Les échanges nous ont guidés naturellement vers l’importance de bien expliquer les critères de sélection avant de rendre public cet outil.
Le travail présenté a été non seulement acharné, mais aussi précurseur. En effet, en situant dans un même registre des individus parsemés dans des lieux géographiques et disciplinaires aussi vastes, elles contribuent à dévoiler le monde dans toute sa complexité et permettent de nommer l’optique épistémologique et philosophique qu’est l’interculturel. Ce premier pas permettant de visualiser une communauté de partage ne s’arrête pas qu’à une simple liste de noms et d’affiliations, ni à une bibliographie exhaustive, car le travail ne fait que commencer.
[1] Voir l’entente de partenariat au : http://labrri.wordpress.com/2011/11/15/partenariat-avec-le-conseil-interculturel-de-montreal/