Le 16 mars 2001 Professeur Mamadou Diawara a rendu visite au LABRRI et a accepté d’animer une discussion informelle au sujet de son texte “L’osmose des regards”, un texte enrichissant qui propose de penser la production du savoir scientifique non seulement en termes historiques mais aussi comme étant le résultat d’une série de rencontre entre deux ou plusieurs civilisations.
Prof. Diawara est professeur au Johann Wolfgang Goethe University à Francfort en Allemagne. Il a récemment reçu le prestigieux bourse/prix Diefenbaker du Conseil des Arts du Canada. Il est fondateur et directeur du centre de recherche Point Sud (www.pointsud.org). Pour en savoir plus sur lui, cliquez ici.
Voici un résumé du texte qu’il a présenté “L’osmose des regards”:
L’article vise à montrer que toute recherche universitaire sur le terrain place son sujet face aux réalités concrètes qui transcendent, sinon diffèrent des données livresques. Il interroge l’actualité d’une question qui suscite un certain inconfort chez les anthropologues et les historiens. Ces spécialistes, même du cru, proviennent d’horizons très divers. Dans la plupart des cas, ils vivent en Occident, ou bien ils deviennent étrangers dans leur propre pays, une fois devenus ou nés citadins, aux prises avec « l’ordre du discours » (Foucault) occidental, coupés de la vie du village ou de celle du quartier. L’ordre universitaire d’acquisition du savoir qu’intériorise le chercheur est confronté aux normes locales. Suivant une perspective diachronique, le texte s’efforce de montrer et d’analyser la problématique de la proximité du terrain en comparant le phénomène observé en Afrique à celui qui a cours en Asie du Sud et dans les Amériques. À cet effet, l’article décrypte deux perspectives dont les tenants s’enferment dans « l’historicisme » et parfois le « présentisme », deux syndromes apparemment contradictoires. Il scrute attentivement quelques thèmes récurrents du domaine, à savoir le dogme de la distance, le regard singulier de l’ethnologue, la réflexivité. Il apparaît que le regard de l’anthropologue et de l’historien autochtone sur son terrain se révèle un regard multicentré. Sont à l’œuvre plusieurs regards, plusieurs compétences. Le regard singulier et multicentré de chacun des deux observateurs étant par définition insuffisant pour rendre compte de cette complexité, plusieurs points de vue sont en concurrence. L’osmose des regards permet de cerner au mieux l’objet de l’analyse.
Extrait du texte “L’osmose des regards: Anthropologues et historiens au prisme du terrain”, Cahiers d’études africaines, L (1), 197, 2010, pp. 471-505). Pour télécharger le texte intégral, cliquez ici