Responsable de l’axe de recherche : Daniel CÔTÉ
Problématique
Le portrait sociodémographique du Québec a beaucoup changé au cours des dernières décennies. À Montréal seulement, ce sont plus du tiers des habitants qui sont nés à l’extérieur du Canada et qui proviennent d’une multitude de régions et de continents. Il est à noter toutefois que cette diversité ne se réduit pas aux phénomènes migratoires ou à l’immigration récente. En effet, l’immigration n’est pas un phénomène récent au Canada; depuis les premiers établissements français du 17e siècle, le pays a connu des vagues successives de migrations qui ont permis à ce pays de se construire et de se développer. Les immigrants établis et leurs descendants ont constitué des « communautés » ou des « groupes » auxquels prennent part à leur tour de nouveaux arrivants. Ces premiers migrants et leurs descendants ont formé des communautés; ils se sont donnés des institutions sociales, religieuses et politiques qui sont le reflet de valeurs dominantes et d’une certaine manière de voir le monde. Ces institutions sont aussi appelées à se transformer à travers le temps et à s’adapter aux réalités nouvelles de notre temps. Au phénomène migratoire ancien et récent s’ajoute la présence autochtone qui a vu naître une grande diversité de peuples et qui participent, malgré la question coloniale et une situation historique tendue, à la diversité québécoise.
La diversité ethnoculturelle et linguistique est souvent présentée comme atout pour le développement social, culturel et économique de la province. Toutefois, les situations de rencontres interculturelles présentent parfois des défis énormes en matière de communication en plus des enjeux de pouvoir qu’elles suscitent. C’est le cas notamment des différents milieux d’intervention qui doivent fournir aux personnes immigrantes ou issues des groupes ethnoculturels des services de toutes sortes ayant pour but de favoriser une meilleure connaissance des différents systèmes (ex. santé, éducation), le soutien aux familles, la santé, la défense des droits, la promotion de la santé et de la sécurité au travail, l’insertion ou le maintien en emploi. Ces intervenants sont à l’œuvre dans tous les secteurs (public, privé, associatif) et dans tous les types d’industrie (primaire, secondaire, tertiaire) et prennent part dans leurs domaines respectifs à la (re-)construction du lien social de personnes qui peuvent se retrouver exclues ou marginalisées ou qui rencontrent toute une série d’obstacles qui les empêchent de se réaliser pleinement.
Cadre conceptuel
La littérature scientifique, en sciences sociales ou ailleurs, reconnaît que les conditions de la rencontre interculturelle ne sont pas toujours optimales et qu’il existe des barrières linguistiques, culturelles ou relatives au système qui peuvent nuire au dialogue et à la mise en place de stratégies d’intervention adaptées à la réalité et aux caractéristiques de la population desservie. Il est également rapporté que le manque de compétences interculturelles à tous les niveaux individuels, collectifs et organisationnels, peut nuire sérieusement à la capacité d’intervention. Les organisations qui ne sont pas préparées à la réalité de la diversité ethnoculturelle peuvent même générer des dynamiques dites « paradoxantes » liées au fait que les exigences pratiques de l’intervention en contextes pluriethniques ne sont pas pleinement reconnues et que, faute de soutien organisationnel, les intervenants sur le terrain peuvent éprouver à leur tour, détresse, malaise et sentiment d’impuissance.
Quelques thèmes
Cet axe de recherche vise à dresser un portrait plus précis et plus complet des dynamiques organisationnelles en lien avec les situations de rencontre interculturelle qui peuvent survenir. Elle propose pour cela un regard critique et empirique sur le monde du travail actuel, dans les secteurs d’activités et d’intervention où des situations de rencontre interculturelle sont courantes, présentant ainsi un certain nombre de contraintes, d’enjeux et de défis. Plus concrètement, cet axe de recherche permettra d’étudier des situations concrètes d’interventions en y identifiant les moments déterminants, les stratégies mises de l’avant, et en identifiant les besoins en matière de compétences interculturelles en vue de développer de nouveaux modules de formation et autres outils adaptés.
Cet axe présente trois principaux volets :
- Parcours d’immigrants et contacts avec la société d’accueil
- Expérience d’intervenants et exigences pratiques de l’interculturel
- Pratiques de gestion et dynamiques organisationnelles
Pour documenter ces trois volets, cet axe privilégie une méthodologie de type qualitative, des études de cas et une approche de type systémique.