Texte proposé par Arthur Pecini
Le 29 de novembre 2012 a eu lieu le symposium organisé par le Centre Métropolis, intitulé “La participation des immigrants et des minorités ethnoculturelles : une autre manière de regarder l’immigration? Explorations et échanges”. Le but de la rencontre, selon Annick Germain, Directrice du Centre Métropoles, était de réfléchir sur la participation et l’intégration sociale des immigrants à la société québécoise et sur l’importance de faire des recherches qui puissent servir à comprendre les différentes facettes de la participation immigrante et ce qu’elles apportent à la société québécoise.
Dans la première table ronde, « Les recherches sur l’intégration pourraient-elles être revues à la lumière de la participation? », Annick Germain a fait un retour sur son enquête sur la non-participation immigrante chez les associations multiculturelles de la table de concertation. Les motifs de cette non-participation étaient liés principalement à une vie associative à deux vitesses, avec des organismes plus grands et une «nébuleuse des petits organismes» multiethniques, qui manquaient d’argent et de personnel pour suivre les réunions de la table de concertation.
Ensuite, Sebastien Arcand, professeur de HEC de Montréal et collaborateur du projet “Vers une ville interculturelle” financé par le CRSH et développé en partenariat avec le LABRRI, a fait sa présentation portant sur la notion de participation dans les sciences politiques. Selon lui, la participation fait référence à une échelle individuelle et la notion d’intégration serait plus collectiviste. Son hypothèse est qu’il faut porter un regard sur comme les individus vivent sa propre intégration économique, aussi que regarder la participation de façon contextuelle et moins limitée par les modes d’insertion économique, sociale et culturelle.
Le troisième présentateur, Antoine Bilodeau, professeur de l’Université de Concordia, a indiqué que la participation immigrante produit un mouvement et le changement de la société d’accueil. Alors, il a insisté sur l’importance de faire des recherches qui puissent comprendre l’expression de la participation des immigrants dans la société québécoise et qu’elles sont les conséquences de leur participation sur les institutions. Il est important de considérer que la confiance dans les institutions et l’aisance à participer sont des conditions pour la participation.
Lors de la période de commentaires pour cette première table ronde, Guy Drudi, de l’organisme La Maisonnée et partenaire du LABRRI, a ajouté que l’immigration est associée dans plusieurs études réalisées au Québec aux problèmes d’inadaptation, aux problèmes sociaux et à la vulnérabilité, habituellement reliées au niveau de scolarité, à la pauvreté et à la monoparentalité. Une barrière à la participation serait la non-reconnaissance de l’immigrant comme acteur à part entière, notamment dans les institutions, les conseils d’école, etc.
Dans la deuxième table ronde, « Les impenses de la participation », Denise Helly, professeure de l’Institut national de recherche scientifique (INRS), a considéré que le regard actuel sur la participation est résultat d’un changement d’optique de l’État. La notion de participation est polysémique, pouvant être comprise au niveau de l’insertion au marché du travail, du politique, au niveau communautaire, des réseaux matrimoniaux, du loisir et des sports, etc. Selon Helly, on doit préciser à quelle participation on fait référence et comment on l’étudie. La notion de participation dans la sociologie de l’acteur et de l’individu donne importance à la subjectivation, à l’adaptabilité et des moyens requis pour la construction identitaire chez les individus. Dans les études de la sociologie de l’immigration, l’accent est mis sur la participation à la vie sociale, à la vie associative et aux réseaux sociaux. Selon la professeure, le rôle de l’État est de garantir l’accès à l’égalité, la reconnaissance et la visibilité des immigrants.
Ensuite, Madame Michèle Vatz Laaroussi, professeure de l’Université Sherbrooke, a présenté les résultats de ses recherches sur la participation des immigrants « économiques » en région. Ses recherches ont démontré qu’il n’y a pas l’ouverture nécessaire à la participation des immigrants au niveau des institutions, aux tables de concertation, aux conseils administratifs et dans les écoles. La chercheuse a constaté que la participation est plus présente au niveau du marché du travail et au niveau de la consommation qu’au niveau politique et institutionnel, ce qui démontrerait un manque de reconnaissance des immigrants comme citoyens actifs.
Valérie Amiraux, professeure de l’Université de Montréal, a présenté ses réflexions sur les enjeux épistémologiques et politiques liés à la recherche sociologique au Québec. Selon Amiraux, la participation serait un vocabulaire imposé par un agenda politique et idéologique. La position de la chercheuse est qu’on peut définir la participation autrement, comme une forme de socialisation, centrée sur l’interaction et l’engagement réciproque dans l’espace public.
Dans la session de conclusion du Symposium, intitulé « De nouvelles voies à explorer pour la recherche? », Cécile Poirier, Conseillère en planification et développement au Centraide du Grand Montréal, a présenté son regard sur la participation dans le milieu communautaire. Selon elle, la participation citoyenne des immigrants dans les organismes communautaires est évaluée à partir de leurs usages des services sociaux ou à leur participation à des projets collectifs. La participation des personnes issues de l’immigration au milieu communautaire permet l’intégration socioéconomique et l’exercice de la citoyenneté.
Le dernier présentateur, Sephan Reichhold, Directeur de la Table de concertation des organismes au service des personnes réfugiées et immigrantes (TCRI), a reaffirmé l’importance du secteur communautaire pour la participation et intégration des immigrants. Pour lui, l’insertion économique est au centre de la question de la participation des immigrants. Les organismes communautaires de services aux immigrants présentent plusieurs contributions pour la participation des immigrants : le réseau offre le service de première ligne dans accueil et l’aide à l’établissement des nouveaux arrivants.