L’histoire des pensionnats indiens au Québec
Texte proposé par Rachel Boivin-Martin
Le 5 juin 2013 dernier, le LABRRI recevait Marie-Pierre Bousquet, spécialiste des questions amérindiennes du Québec (aussi voisine du laboratoire) au département d’anthropologie de l’Université de Montréal.
Dans la foulée de la Commission Vérité et Réconciliation qui a eu lieu à la fin du mois d’avril à l’hôtel Reine Elizabeth de Montréal, Marie-Pierre Bousquet nous a entretenus le 5 mai dernier sur l’histoire des pensionnats amérindiens au Québec. S’intéressant aux pensionnats et à la vision de la place des Amérindiens dans la société québécoise, son approche à la fois historique et systémique a permis d’aborder la complexité d’un conflit de cultures entre celles de l’État, des Oblats (voir 1) et des Autochtones. Si les deux premières détenaient des conceptions similaires de la condition de l’enfant et de l’éducation, les Autochtones en avaient une tout autre vision. Les réflexions de la chercheuse qui s’appuient sur plusieurs années d’études, d’analyses d’archives et d’entrevues auprès des Anicinabek du Québec l’ont mené à se pencher plus spécifiquement sur les différentes visions de l’éducation et non seulement sur l’asymétrie du pouvoir entre les acteurs de l’histoire des pensionnats.
L’intérêt porté aux différences culturelles et à la complexité du conflit de cultures dans l’histoire des pensionnats indiens au Québec est une perspective qui selon la professeure, est peu explorée à ce jour et qui a vivement intéressé les participants de cet atelier au LABRRI. Cette perspective nous semble permettre, entre autres, d’aborder la question de la rencontre (et de la non-rencontre) entre les cultures et de mieux entrevoir la profondeur historique d’un conflit qui semble réactivé sans cesse. De plus, le ton de la présentation était critique sans être moralisateur, cherchant à décrire la complexité du conflit pour mieux le comprendre, laissant l’histoire et ses voix plaider elles-mêmes pour la vérité.
Selon Prof. Bousquet, jusqu’à ce jour, il semble encore y avoir une forme de dénigrement de la vision des Autochtones dans le discours étatique québécois sur leur avenir et leur « intégration ». Si auparavant on cherchait à les civiliser, aujourd’hui on entend « qu’il faut éduquer et intégrer économiquement les Autochtones. » disait-elle.
Suite à l’atelier, les participants se sont, entre autres, intéressés à en savoir davantage sur les différences culturelles qui existaient entre les Oblats et les Autochtones. La question des écarts générationnels qui distinguent parfois le rapport à l’histoire des pensionnats qu’entretiennent les grands-parents et les petits-enfants autochtones a aussi été matière à réflexion.
Nous voulons remercier Marie-Pierre Bousquet pour cet atelier immensément enrichissant et pour avoir généreusement partagé son savoir et sa perspective qui rencontrent nos intérêts et notre sensibilité, et nous mènent sur de nouvelles pistes de recherche et de réflexion.
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1- Les Oblats sont une congrégation cléricale catholique française. Ils ont oeuvré en tant que missionnaires au Canada à partir de 1841 et auront comme missions principales la conversion des Autochtones et l’établissement d’écoles.
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Voyage de Manouan: Manouan. Marie, femme de Thomas Kenichich. (été 1943) — Photo de Jacques Rousseau*
Voyage de Manouan: Manouan. Ursule Bordeleau et ses élèves. (été 1943) — Photo de Jacques Rousseau*
Voyage de Manouan: Manouan. À l’école. (été 1943) — Photo de Jacques Rousseau*
* Photos de Jacques Rousseau (1905-1970) botaniste et ethnologue québécois. Sa collection de photos est archivée au Jardin Botanique de Montréal et une version virtuelle est disponible ici : http://www2.ville.montreal.qc.ca/jardin/archives/rousseau/accueil.htm